Distro, le retour de la consigne en Bretagne
La société coopérative d’intérêt collectif Distro fédère producteurs de boissons, distributeurs, mais aussi consommateurs et collectivités pour monter une filière autour des bouteilles consignées.
Je suis écologique, économique et vieille comme le monde – ou presque. Qui suis-je ? La consigne bien sûr !
C’est pour (re)lancer une filière bretonne que Distro a vu le jour en 2015, sur l’initiative d’un brasseur du Finistère, Olivier Lallemand. Après une étude de faisabilité, les expérimentations ont été difficiles, et l’association Distro a fait face à des blocages – la grande distribution, notamment, n’était pas prête. L’association est dissoute en 2019 et les documents en lien avec le travail déjà effectué transmis à Bout’ à Bout’, l’homologue des Pays de la Loire, qui rencontrait moins de difficultés. « Nous avons repris le projet fin 2020 en commençant par réaliser une étude de préfiguration d’une coopérative, en recontactant tous les acteurs ayant planché sur le précédent Distro », raconte Antoine Clapier, président de la SCIC Distro.
Impliquer toute la chaîne
Une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) est ensuite créée, dans une logique de monter une filière qui impliquera toute la chaîne concernée par la consigne : les producteurs de boissons, les distributeurs, mais aussi les collectivités qui travaillent sur la question des déchets, et bien sûr les consommateurs. Distro travaille donc pour organiser la filière en accompagnant les différents acteurs.
« D’abord, il y a un appui à la conversion des producteurs, certains pratiquent déjà la consigne et beaucoup sont intéressés. Nous devons résoudre des problématiques autour du changement des étiquettes, puisqu’elles celles-ci doivent être adaptées au lavage, à savoir s’enlever facilement, tout en restant bien sur la bouteille avant cette étape… La question des bouteilles se pose aussi. Elles doivent pouvoir être lavées une dizaine de fois, sans non plus être trop lourdes. La plupart des brasseurs utilisent déjà des bouteilles qui conviennent, mais certains producteurs vont devoir changer » - Antoine Clapier, président de la SCIC Distro.
Vient enfin la question de la signalétique : il faut que le consommateur identifie rapidement les bouteilles Distro.
Ensuite, Distro planche avec les magasins et les caves pour voir comment ils peuvent communiquer sur le retour de la consigne, mais aussi sur le stockage des bouteilles qui reviennent. « Tout en faisant en sorte de ne pas ajouter de contraintes supplémentaires aux équipes », souligne Antoine Clapier.
Une cinquantaine d’adhérents
Aujourd’hui, trois ans après la relance de Distro, la Scic fédère une cinquantaine d’adhérents, dont une quinzaine de producteurs, deux collectivités – Rennes Métropole et Douarnenez Communauté –, quelques particuliers et le reste de magasins distributeurs. C’est l’entreprise Mahé, spécialisée dans le négoce de vins à Pleubian (Côtes-d’Armor), qui s’occupe du lavage. Le coût lavage et logistique (collecte et retour producteur) d’une bouteille consignée de 75 cl se situe entre 0,30 et 0,50 euro – selon les volumes, quand une bouteille neuve peut valoir jusqu’à 0,60 euro. La question se pose encore de l’incitation. Faut-il une consigne monétaire ? Pour le moment, elle n’est pas mise en place. L’expérimentation des prochains mois changera peut-être la donne. Aujourd’hui, quasiment 100 000 bouteilles ont déjà été lavées.
Bon à savoir
La consigne, c’est (selon l’Ademe) : - 79 % d’énergie par rapport au recyclage et -51 % d’eau.