Histoires collectives
Quand les ressourceries font de l’upcycling sur du mobilier professionnel
Dans la région, plusieurs structures, dont Cap Solidarité Ouest Cornouaille et Un peu d’R, redonnent vie à des bureaux, des chaises, des armoires… Ils sont réutilisés ensuite dans des espaces de bureaux. Quelques difficultés restent néanmoins à lever pour que la filière prenne vraiment son envol.
Une première commande de la Région Bretagne
L’an passé, la Région Bretagne a ouvert différentes antennes sur le territoire. Il a donc fallu les équiper en mobilier. Guillaume Cornu, chargé des politiques territoriales déchets et économie circulaire, propose à ses collègues de s’approvisionner en mobilier upcyclé. « Cela entrait en cohérence avec le Plan de prévention et de gestion des déchets de la collectivité. Nous avons donc défini un cahier des charges selon nos besoins et fait appel à Cap Solidarité Ouest Cornouaille », précise-t-il. Cinq bureaux, mais aussi des armoires et petits meubles de rangement, des tiroirs, des portemanteaux, des étagères, des tables hautes et chaises pour la cafeteria ont ainsi été conçus par l’association de Plozévet (Finistère). Le tout en bois de hêtre et chêne blanc. « Une partie du mobilier provient d’un stock que la région n’utilisait plus, le reste d’éléments récupérés lors de collectes diverses. L’upcycling a été réalisé entièrement en interne, grâce à nos compétences en ébénisterie marqueterie et en menuiserie », explique Stéphane Méder, directeur de Cap Solidarité Ouest Cornouaille.
« Le développement de ce type de commandes va permettre de relocaliser des productions et de créer de l’emploi » - Guillaume Cornu, chargé des politiques territoriales déchets et économie circulaire à la Région Bretagne
L’idée serait donc maintenant, pour la structure, de pouvoir développer davantage cette filière. « Nous étions là sur une première commande, une preuve de concept. Il reste plusieurs difficultés à lever. Des structures comme la nôtre ne sont pour le moment pas capables de répondre à de grosses commandes et pour certaines pièces, la question de l’ergonomie se pose. Nous ne pouvons pas réaliser d’assises de chaises de bureaux par exemple », détaille Stéphane Méder. « Il faut aussi bien avoir en tête, et c’est logique, que ce type de mobilier est un peu plus onéreux que du mobilier neuf. Cela dit, il est nécessaire de prendre en compte l’ensemble des coûts et les externalités positives, puisqu’en réalité le développement de ce type de commandes va permettre de relocaliser des productions et de créer de l’emploi », indique Guillaume Cornu.
Des partenariats à créer entre structures de l'ESS et distributeurs
« La demande et l’offre en mobilier pro upcyclé sont en émergence. Plusieurs pistes sont lancées auprès de nos partenaires ESS conventionnés (dont Cap Solidarité Ouest Cornouaille) pour les accroître : travailler sur des miniséries pour faciliter la production et augmenter la diffusion, plancher sur les normes de sécurité, mais aussi développer les partenariats entre structures de l’ESS et distributeurs de mobiliers classiques et d’occasion, estime Ludivine Poher, conseillère technique Grand Ouest de Valdelia, éco-organisme qui organise la collecte et le recyclage du mobilier pro. Nous souhaitons que l’économie circulaire imprègne tout le secteur du mobilier pro. »
« Nous possédons toutes les compétences nécessaires pour l’upcycling, mais ce qui est compliqué, c’est finalement de trouver des matières en bon état. » - Mathieu Harel, chargé de mission à la recyclerie Un peu d'R
À Brest, la recyclerie Un peu d’R possède une filière de valorisation du mobilier professionnel, financée pour trois ans par la Région Bretagne dans sa phase de développement. Leurs clients pour le moment ? L’Agence bretonne de la biodiversité, des médiathèques, des banques, des associations… « Nous possédons toutes les compétences nécessaires pour l’upcycling, mais ce qui est compliqué, c’est finalement de trouver des matières en bon état. Nous récupérons beaucoup d’agglomérés et réfléchissons à comment le transformer au mieux. Il nous est donc plus difficile de répondre à des commandes impliquant du bois noble », développe Mathieu Harel, chargé de mission. La structure envisage de monter en puissance en produisant des gammes de mobilier de bureau.
Contacts
Propos recueillis et rédaction : Claire Baudiffier
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