Histoires collectives
À Redon, ils se forment au réemploi des matériaux du bâtiment
Contact : mory@cress-bretagne.org
Depuis 2018, avec Noria formation, une quarantaine de stagiaires ont été formés comme technicien·nes valoristes des ressources du bâtiment. Du diagnostic au stockage en passant par la dépose et le transport, leurs compétences pourront être mises à profit dans diverses structures de l’économie sociale et solidaire.
Les stagiaires travaillent sur l’éco-conception. Ils ont ainsi conçu et réalisé des mobiliers à partir des ressources disponibles à l’Écrouvis.
Si on évoque souvent le réemploi et le recyclage du textile notamment, on parle moins de la valorisation des déchets du bâtiment. Et pourtant, le secteur du BTP produit autour de 326 millions de tonnes de déchets chaque année (1), ce qui correspond à trois quarts des déchets produits en France. La filière de valorisation des ressources du bâtiment est aujourd’hui en plein développement. C’est dans ce cadre qu’est née en 2018 la formation « Technicien·ne valoriste des ressources du bâtiment (TVRB) », proposée sur six mois par Noria formation à Redon. Elle est certifiante et inscrite au Répertoire national des certifications professionnelles.
L’organisme a été créé en 2006 et propose des formations autour de l’écoconstruction et du réemploi de matériaux : des courtes, pour des particuliers et des professionnels souhaitant approfondir un domaine en particulier (terre crue, pierre sèche…) et des longues, dont celle de TVRB, mais aussi par exemple maçon.ne en terre crue.
« La formation de TVRB ne vise pas un métier spécifiquement, mais une large palette de postes. L’idée est de s’adapter aux besoins à venir. Le secteur du bâtiment a des habitudes de travail bien ancrées, l’organisation de la valorisation des ressources bouscule tout. Les profils de nos stagiaires sont hétérogènes, certains viennent du milieu du bâtiment, mais recherchent du sens, d’autres non, mais sont bricoleurs dans l’âme et sensibilisés à l’environnement » - Mathieu Quertelet, coordinateur de la formation.
La majorité est demandeuse d’emploi et peut financer le coût de la formation via Pôle emploi et la Région Bretagne.
Le chemin des matériaux
Sur les 630 heures de formation, certains modules de mise en situation professionnelle ont lieu sur le plateau de L’Ecrouvis, la recyclerie de matériaux située à Redon. Deux stages (210 heures en tout) en milieu professionnel sont aussi prévus. Les sept blocs de compétences proposés suivent le chemin des matériaux : identification des gisements de matériaux, diagnostic, déconstruction, traitement, stockage, conditionnement et vente.
Un chantier de dépose sélective réalisé dans le bâtiment école de Beslé-sur-Vilaine.
L’évaluation du potentiel de réemploi – via l’identification des gisements de matériaux puis le diagnostic – vise à récupérer le maximum de matériaux, notamment dans le second œuvre (murs, cloisons, installations sanitaires, revêtements, menuiseries intérieures, escaliers, mobilier…). Vient ensuite la dépose sélective, qui doit être faite dans le respect des matériaux pour parvenir à les réemployer au mieux. « Si ceux-ci peuvent être réemployés sur les futurs sites, cela est préférable, pour limiter l’impact carbone. Mais sinon, il convient alors d’organiser le transport par exemple vers des ressourceries ayant un rayon matériaux, ou bien des structures spécialisées, telles les recyclerie de matériaux », poursuit Mathieu Quertelet. Enfin, les stagiaires travaillent sur la collecte, le tri, le reconditionnement (nettoyage, détournement ou upcycling selon les cas) et la vente.
Surcyclage et projets multipartenariaux
Isabelle, 56 ans, fait partie de la promotion 2022/2023, qui termine actuellement sa formation. Ancienne dessinatrice conceptrice, elle ne trouvait plus de sens dans son travail, depuis que son entreprise avait été rachetée par un constructeur de maisons individuelles. Se définissant comme « plutôt bricoleuse », elle a réellement pris conscience de l’ampleur des déchets du bâtiment et de la filière à bâtir. Elle se dit ravie d’avoir pu être formée notamment sur le surcyclage pour transformer les matériaux en mobilier, qui pourrait être une des pistes à développer pour l’après. « L’accompagnement de chantiers dans la dépose sélective m’intéresse aussi pour le côté opérationnel et les rapports humains, comme j’ai pu le voir lors de mon stage à Retrilog » (acteur breton de la logistique qui développe une nouvelle activité de dépose sélective).
Véronique, 56 ans aussi, est quant à elle éducatrice spécialisée auprès d’adolescents en difficultés, actuellement en congé formation. « Pas vraiment bricoleuse, même si je réalise quelques petits travaux manuels en terre ou en argile. » Ce qui l’intéresse ? « La sensibilisation à la problématique des déchets, le fait de développer des projets multipartenariaux. Pourquoi pas par exemple travailler dans le réemploi au niveau des déchetteries ou des écoorganismes ? »
Sur la quarantaine de formés lors des quatre sessions, les débouchés – principalement dans le réseau breton de l’ESS – sont divers : travail en recyclerie, encadrement de chantier social, coordination de chantier dans une entreprise de dépôt sélective… « Sur les premières années, peu ont trouvé des postes, car la filière en était à ses balbutiements, mais c’est désormais plus simple », note Mathieu Quertelet, lui-même ancien stagiaire. Benjamin, 34 ans, a ainsi quitté la dernière formation un mois plus tôt pour rejoindre Minéka, une matériauthèque à Villeurbanne. « Je suis animateur de stock, je gère les entrées, les ventes et anime les chantiers de bénévoles une fois par mois », raconte-t-il. Travaillant auparavant dans le transport et la logistique, il met ses multiples compétences à profit. « Je continue à apprendre, c’est un métier basé sur le partage et l’échange d’expériences avec les autres, c’est très satisfaisant. »
Pour avoir plus d’informations (prérequis, dates, coût, programme) sur la prochaine session de formation, c’est ici.
(1) Selon des chiffres de l’Ademe de 2017.
Crédit photo: Noria Formation
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Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire en Bretagne