Windcoop : « Il ne faut plus avoir peur d’investir dans des coopératives ! »

Un modèle unique de porte-conteneurs à voile est en cours de construction en Turquie. D’ici 2027, il assurera une liaison directe entre Marseille et Madagascar pour transporter, entre autres, des denrées produites localement (aquaculture, cacao, vanille, épices, huiles essentielles, textile…). Le projet Windcoop, porté par une SCIC, recherche des investisseurs, notamment dans les collectivités.

En 2019, les fondateurs de la compagnie maritime lorientaise Zéphyr & Borée et Enercoop se rencontrent. Et un an plus tard, c’est à la faveur d’une réflexion menée avec Arcadie, importateur d’épices de Madagascar, que naît le projet Windcoop.

« En mars dernier, nous avons obtenu la garantie de l’État indispensable pour lancer la construction de Windcoop, l’unique porte-conteneurs à voile qui inaugurera, d’ici 2027, la première ligne maritime directe, bas carbone et équitable entre Marseille et Madagascar », explique Alice Decointet, directrice opérationnelle de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif Windcoop. Elle souligne la dimension éthique du projet, porté par une SCIC.

« L’énergie, comme le transport, est un bien commun qui ne doit pas être soumis aux logiques spéculatives. Windcoop rend aux citoyens le contrôle de services essentiels et construit une économie plus juste, fondée sur la coopération plutôt que sur la concurrence » - Alice Decointet, directrice opérationnelle de Windcoop

Face au constat que le transport maritime représente 90 % du commerce mondial et 3 % des émissions de CO₂, Windcoop propose une solution innovante : un porte-conteneurs à voile, combiné à un modèle coopératif. Les acteurs bretons, et notamment ceux de l’ESS, sont particulièrement investis dans l’essor de la filière vélique (cabotage, voile travail, transport marchand…).

« Pour lancer le projet, nous avons réussi à boucler un financement de 28,5 millions d’euros. Un modèle financé à hauteur de 4,5 millions d’euros par 45 chargeurs* convaincus de la dimension éthique du projet, par 1700 citoyens, par des investisseurs institutionnels et de la dette bancaire », ajoute cette dernière. Les 45 chargeurs étant les futurs clients du porte-conteneur, engagé pour une transition maritime responsable : Arcadie (épices et plantes aromatiques bio), Valrhona (chocolat), Prova (extraits de vanille et arômes), Lobodis (café éthique et équitable), SCOP Ethiquable (produits issus du commerce équitable), Cafés Richard, les vêtements Demad, le prêt-à-porter Arawak…

Mais des investisseurs encore trop frileux

Si le projet est aujourd’hui lancé, la coopérative doit encore finaliser une dernière levée de fonds de 3 millions d’euros. La mission incombe notamment à Alice de Cointet, qui témoigne de la frilosité des fonds d’investissements à s’engager dans une coopérative. Pour peser dans la balance, Windcoop a décidé de rejoindre le réseau des Licoornes qui fait de la pédagogie auprès des acteurs financiers pour valoriser le modèle coopératif. « Notre statut de SCIC offre la possibilité aux collectivités de s’engager. Et c’est d’ailleurs ce qu’a fait Lorient Agglomération qui a rejoint le collège de votes dédié aux institutionnels. Nous appelons aujourd’hui les collectivités bretonnes à nous rejoindre ! ».

Question à Alice de Cointet, Directrice Opérationnelle pour Windcoop

Selon vous, en quoi ce projet s’inscrit-il dans les valeurs de l’économie sociale et solidaire ?

« Notre modèle coopératif remet l’humain et l’environnement au cœur du système : limitation des profits, redistribution équitable, financement ouvert aux citoyens… Ici, ce n’est pas une poignée d’actionnaires qui décide, mais tous ceux qui veulent un transport maritime plus juste et plus transparent. Et ça marche : notre premier cargo à voile, qui reliera la France à Madagascar, réunit déjà les engagements de 45 entreprises. Notre modèle n’est pas spéculatif : la rentabilité des parts sociales est limitée entre 2 et 6% et notre capital est stable, sans valorisation spéculative, pour préserver l’indépendance ».