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 À Brest, on composte... les livres !

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La recyclerie Un peu d’R dispose de kilos de livres abîmés dont elle ne sait que faire. Elle a lancé, l’an passé, une expérimentation singulière avec l’association Vert le jardin : les intégrer à du compost. Des analyses sur les résidus de colle auront lieu d’ici peu.

 

Des livres par centaines, par milliers…

À Brest, la recyclerie Un peu d’R récupère depuis 2014 des objets devenus encombrants ou inutiles auprès des particuliers et des professionnels.

 

« Nous collectons notamment beaucoup de textile, pour laquelle existe une filière très bien structurée. Après le tri, une partie est revendue et l’autre part pour être défibrée, transformée en isolants…, Mais pour les livres, c’est tout à fait différent, il n’y a pas de filière organisée. L’édition ne paye pas d’écocontribution pour gérer leur fin de vie. » - Emmanuel Gazin, directeur d’Un peu d’R.

 

En fait, les éditeurs ne sont pas soumis au dispositif de Responsabilité élargie du producteur et ne sont donc pas obligés d’apposer le logo incitant au geste de tri sur les livres.

Concrètement, le livre peut être jeté dans la poubelle jaune qu’en l’effeuillant. Dans un rapport de 2019 – « Vers une économie plus circulaire dans le livre ? » –, le WWF indique que 25% des livres invendus de l’année sont pilonnés ou stockés et que pour les ouvrages vendus et devenus usagés, la question de leur fin de vie est un tabou… Une partie se retrouve donc aux rebuts « classiques » et finit incinérée ou enfouie.

 

Cinq tonnes de livres par an

Un peu d’R récupère cinq tonnes de livres par an, dont environ 10 à 20% ne sont pas revendables. « Jusqu’en 2020, un prestataire les récupérait, mais il a arrêté. Nous nous sommes donc retrouvés croulant sous les bouquins. J’ai envoyé alors un message dans le réseau breton des recycleries pour savoir si quelqu’un avait une solution, mais tout le monde était dans la même situation que nous », poursuit le directeur.

Dans le même temps, la Cress a lancé un groupe de travail sur la gestion des livres, auquel a participé la ressourcerie, mais aussi le Symeed29, syndicat mixte d’études pour une gestion durable des déchets du Finistère, qui accompagne les différents acteurs dans la gestion de leurs déchets. « Lors de ce temps d’échange, quelqu’un a évoqué le compostage et on s’est dit ‘Pourquoi pas ?’ », se rappelle Emmanuel Gazin.

 

Photo ©symettre - droits réservés

 

Quatre catégories intégrées au compost

La ressourcerie se rapproche alors de Vert le jardin, une association présente à Rennes, Saint-Brieuc et Brest, qui développe et fait la promotion des jardins et composts partagés. Avec également Brest Métropole - sollicitée par le Symeed après la réunion du groupe de travail -, les structures décident de se lancer dans une expérimentation de compostage des livres. Quatre catégories ont été identifiées pour être compostées : les livres entiers de poche, les poches sans couverture, les sans couverture dont les feuillets sont enlevés et éclatés en une vingtaine de pages, et les livres broyés. Finalement, la dernière catégorie n’a pas été testée. « Les trois premières ont donc été intégrées à trois tas de composts différents, toujours en décomposition pour ne pas que cela sèche », précise Michel Campion, directeur de Vert le jardin. Les tas de compost étaient situés à La ferme à Raymonde, une maison du jardinage et de la biodiversité, gérée par Vert le jardin.

 

Au bout de trois à quatre mois, les livres « éclatés » avaient fondu dans le compost. « Pour les livres entiers, cela a été beaucoup plus long, il a fallu davantage brasser le compost. Ils ont mis autour d’un an à disparaître », poursuit le jardinier. Si cette première expérimentation a été menée de manière « intuitive », elle va désormais rentrer dans une nouvelle phase, puisque l’idée est de procéder à une analyse des résidus de colle. « C’est le laboratoire Labocea public de Brest qui devrait s’en charger, souligne Emmanuelle Hérichard, responsable du service ressources-relations usagers à la direction déchets et propreté de Brest Métropole. Si les études indiquent que le compost répond bien aux normes, alors le compostage de livres apparaîtra comme l’une des solutions de recyclage. Mais il faut bien s’en assurer en amont, pour qu’il puisse être vendu notamment. »

 

Dans des plateformes de compostage ?

Michel Campion, de Vert le jardin, indique tout de même que le brassage du compost est difficile – du fait du poids des livres – et qu’il sera nécessaire d’envisager des solutions mécaniques.

 

« Si cette solution venait à se développer à grande échelle et à essaimer, elle pourrait être mise en œuvre dans les plateformes de compostage, comme il en existe une à Lorient par exemple, afin de faciliter la logistique » - Emmanuelle Hérichard, responsable du service ressources-relations usagers à la direction déchets et propreté de Brest Métropole.

 

En attendant, Un peu d’R filtre davantage les livres qu’elle collecte et ne récupère plus ceux très abîmés, piquetés d’humidité et/ou auxquels il manque des pages. Peut-être qu’un jour une partie de nos légumes pousseront grâce aux bouquins qu’on n’a pas aimés ?

 

Rédaction et propos recueillis par Claire Baudiffier - Crédits photos : Un peu d'R (sauf mention contraire)

 

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Crédit photo : Getty Images - Alexander Spatar

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