Esatco près de Saint-Brieuc : une nouvelle vie pour les habits et les salariés

À Langueux, les 50 salariés d’Artex collectent chaque année 700 tonnes de vêtements, chaussures et linges divers. Ceux-ci sont ensuite triés, puis réemployés ou recyclés.

Collecter, trier, réemployer ou recycler : telles sont les missions d’Artex, l’une des entreprises de la filière textile d’Esatco, implantée à Langueux, près de Saint-Brieuc. 50 salariés - répartis entre Artex, le chantier d’insertion, et une entreprise adaptée - s’en occupent. 700 tonnes de textile - vêtements, chaussures, linge de maison - sont ainsi collectées chaque année dans un rayon de 30 kilomètres autour de Saint-Brieuc. « Nos salariés en insertion fonctionnent en trois équipes : la première est justement chargée de collecter les vêtements dans la centaine de conteneurs présents sur le territoire, la deuxième s’occupe de la manutention une fois que le textile est arrivé à l’atelier, et la dernière réalise le tri », détaille Muriel Le Goff, directrice-adjointe de la filière textile. De « pas revendable » à « revendable », le textile est ainsi minutieusement trié en 12 catégories, selon l’état constaté, la valeur initiale…

« Baisse de la qualité du textile collecté »

Un tiers est réemployé, un tiers recyclé et le reste part en déchets et sera valorisé énergétiquement à l’usine d’incinération de Planguenoual. « Cette part est encore trop importante et s’explique par divers facteurs : notre surface de stockage est limitée et on constate une baisse de la qualité du textile collecté. Beaucoup contiennent des matières plastiques, du polyester notamment, qu’on ne sait pas encore valoriser », explique Muriel Le Goff. Le textile recyclé reprend quant à lui vie en chiffons d’essuyage dans l’industrie ou est utilisé dans la fabrication d’isolants. Quant au réemploi, il se fait à hauteur de 5 % via deux magasins dédiés – La boîte à fringues et Fripes & co –, qui sont tenus par des salariés de l’entreprise adaptée et ayant une RQTH. « Nous sommes aussi présents sur Internet, via un compte pro Vinted, pour les vêtements vintage authentiques. »

Le reste part en vente à l’export, en partenariat avec Le Relais.

« Précisons là que c’est une filière très suivie. Nous n’envoyons pas n’importe quoi en Afrique, comme peuvent le faire certains collecteurs dénoncés récemment dans un documentaire télé. Ce sont des structures qui passent des commandes selon leurs besoins. Ainsi, on ne va pas faire parvenir des habits en laine ou quelconques vêtements chauds dans des pays chauds… » - Muriel Le Goff, directrice-adjointe de la filière textile.

Muriel Le Goff constate par ailleurs que la part de textile réemployé baisse un peu chaque année, puisque les citoyens revendent eux-mêmes une partie de leurs vêtements et que les grandes chaînes se mettent aussi à collecter. « Or, ce qui fait notre équilibre économique, c’est le réemploi. Il est donc important que les gens continuent de faire des dons de qualité. Un conseil : pour préserver le don et faciliter le travail des équipes, pensez à le protéger dans un sac. Les citoyens donneurs participent ainsi à une économie responsable, locale et circulaire. » Une économie qui permet à des personnes en rupture de retrouver le chemin de l’emploi. Les salariés en insertion sortent ainsi d’Esatco au bout de quatorze mois en moyenne. Certains d’entre eux sont devenus femme de chambre, chauffeur livreur, vendeuse ou encore agent d’entretien.