Du startijenn pour le Kreiz Breizh !*
« Une réunion en centre-Bretagne, pourquoi pas ? Mais à condition qu'il y ait le train ! » Cette remarque formulée en assemblée d'acteurs de l'ESS peut au mieux faire sourire, au pire énerver tout habitant du Centre-Bretagne. La seule liaison ferroviaire subsistant aujourd'hui entre le littoral breton et l'intérieur des terres est celle reliant Guingamp à Carhaix (compter en temps de transport au mieux 3h de Rennes, 5h de Lorient... en jonglant avec les horaires). Au-delà de l'anecdote, cette méconnaissance de la réalité de la vie en centre-Bretagne interroge. S'il est nécessaire de limiter au maximum notre empreinte carbone, il est tout aussi important de ne pas exclure par la mobilité et de sortir de l'entre soi, d'aller se frotter aux réalités du terrain, de vivre ne serait-ce qu'une journée la vie dans l'intérieur des terres.
Et il y a une vie en Centre-Bretagne ! Là, plus qu'ailleurs, les structures ESS et plus spécifiquement les associations sont présentes notamment dans les secteurs du social, du médico-social, de la culture et de l'insertion. palliant bien souvent l'absence d'offres publiques en milieu rural. Éloignés des grands centres urbains, les habitants ont su s'organiser. Il ne s'agit donc pas de faire du misérabilisme, mais de reconnaître que certains espaces, de par leur éloignement des grands centres urbains, souffrent de capacités moindres souvent à l’origine de désavantages sociaux importants (revenu, éducation, santé, culture, socialisation, etc.) que la crise énergétique ne pourra qu'accentuer. Refuser de venir en centre-Bretagne, c'est une fois de plus exclure.
Animer, aider et accompagner l'entrepreneuriat engagé, porter des projets en ESS, faire réseau... à Rennes ou à Rostrenen, à Pontivy ou à Brest ne nécessitent pas les mêmes leviers d'actions. Les débats engagés aujourd'hui sur l'organisation de l'écosystème de l'ESS devraient permettre de réfléchir au delà de la forme structurelle, aux moyens que l'on se donne dans l’écosystème pour aboutir à une plus grande équité territoriale.
Il ne s'agit pas tant d'uniformiser nos actions mais d'imaginer ensemble la solidarité entre territoires, de donner aux plus faibles la capacité d'innover et d'entreprendre différemment. Et surtout de mettre tout en œuvre pour réduire la dépendance du centre-Bretagne aux infrastructures routières. L'objectif commun de développement de l'ESS en Bretagne devrait permettre de résoudre les déséquilibres entre un littoral disputé et un centre déserté, entre pôles urbains et pôles ruraux.
Cécile Goualle
Membre du bureau de la Cress et présidente du pôle ESS Adess Centre Bretagne
* startijenn : du ressort, de l'énergie, du tonus en breton
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Illustration : Ewen Prigent - La Boîte Graphique
