Histoires collectives
Lannion-Trégor Communauté expérimente l’upcycling de ses vêtements professionnels
Contact : mmichelin@cress-bretagne.org
Après 18 mois de travail, les vêtements professionnels des agent.e.s de Lannion-Trégor Communauté peuvent désormais être transformés en sacs à linge, afin de réduire l’usage de plastique. Un partenariat qui inclut la régie de quartier de Lannion (blanchisserie), une entreprise privée (Dolmen Protect) et l’Esat de Plouisy. L’expérimentation est toujours en cours.

50. C’est le nombre maximal de lavages, défini par la Loi, que supportent les vêtements de travail avant d’être envoyés au rebus. « C’est le cas des habits professionnels de tous les agent.e.s de Lannion-Trégor Communauté, notamment ceux qui comportent des bandes phosphorescentes, illustre Ludovic l’Hostis, directeur de l’Adess Ouest Côtes d’Armor qui conclut, « Actuellement aucune filière de valorisation n’existe pour les textiles professionnels usagés, ces derniers sont donc automatiquement envoyés à l’incinération ».
Plus d’une tonne de vêtements professionnels concernés dans l’agglomération
« Nous avons été contactés par l’agglomération de Lannion-Trégor Communauté afin d’envisager une solution de retraitement des textiles… Sachant que nous devions imaginer une filière qui ne coûte rien », se souvient Ludovic L’Hostis. Durant 16 mois, le pôle ESS mène une étude de faisabilité (Nouvelle vie pour les textiles professionnels de Lannion Trégor communauté - ADESS Ouest Cotes Armor ) visant à étudier les différentes possibilités logistiques, les acteurs mobilisables, le business modèle... « L’expertise de l’Adess Ouest Côtes d’Armor réside dans notre capacité à mener des études de faisabilité notamment pour des collectivités grâce à nos 8 salarié.es basé.es à Lannion et Guingamp. C’est ce que nous avons fait pour l’agglomération, qui a décidé de financer ce projet car elle souhaitait créer une filière de recyclage pérenne », ajoute Ludovic l’Hostis.
C’est donc grâce à la volonté politique de Lannion-Trégor Communauté, notamment via la direction des achats, couplée à l’engagement de la régie de quartier de Lannion, que la solution est imaginée, le tout porté par l’Adess Ouest Côte d’Armor.
L’idée ? Troquer les sacs plastiques qui emballent les tenues propres des agents … par des sacs en textile upcyclé, eux-mêmes découpés dans d’anciennes tenues professionnelles. La boucle semble ainsi bouclée ! « Utiliser un sac de transport réutilisable permet d’éviter deux déchets : les textiles professionnels ne sont plus envoyés à l’incinération, et les plastiques à usage unique sont évités », expose Anne Besnier, directrice de la régie de quartier.
Expérimentation et prototypes
Durant plusieurs mois, différents prototypes de sacs à linge ont été réalisés : taille, forme, manipulation… « C’est une entreprise du territoire, Dolmen Protect qui produit également des vêtements de travail, qui a réalisé tous les prototypes », explique Anne Besnier. De plus, l’entreprise a également travaillé avec l’Esat de Plouisy, afin que des personnes en situation de handicap puissent participer à certaines découpes textiles, à certains moments de la production.
« Aujourd’hui, entre dix à douze sacs transitent entre la blanchisserie et les différents services techniques de l’agglomération. Les agent.es possèdent deux sacs à linge : l’un pour mettre les vêtements sales, qui est déposé à la blanchisserie et l’autre qu’ils.elles gardent vers eux », conclut Caroline , responsable de la blanchisserie.
Si les prototypes sont bien en circulation, l’industrialisation du process n’est pas encore à l’œuvre. « Le modèle économique n’a pas encore été éprouvé », résume Ludovic L’hostis, qui a soumis la candidature de cette expérimentation au Forum mondial de l’ESS, qui a lieu en octobre 2025 à Bordeaux.
Les sacs à linge, confectionnés dans d’anciens vêtement professionnels, sont réutilisables à l’infini et évitent d’emballer le linge propre avec du plastique. Crédit photo Régie de quartier.
Selon vous, en quoi ce projet s’inscrit-il dans les valeurs de l’économie sociale et solidaire ?
Ce projet est le fruit d’une réflexion collective menée par des acteurs divers (collectivités, entreprises privées et de l’ESS) qui ensemble ont cherché une solution viable localement et à fort impact environnemental. L’Adess Ouest Côtes d'Armor a réussi à infuser sa culture et cela s’est ressenti. C’est le cas du partenariat avec l’entreprise Dolmen qui a accepté d’ouvrir sa production à des personnes en situation de handicap. Ce qui n’était pas prévu initialement. Ce projet ouvre la voie à d’autres réflexions comme celle de ne changer que certaines pièces des vêtements professionnels, notamment les bandes réfléchissantes, pour prolonger la durée d’utilisation des habits.
Plus d’informations sur l’Adess Ouest Côte d’Armor
Propos recueillis et rédaction : Céline Cadiou