Budgets 2025 : vers un plan social à bas bruit
Dans un contexte de fortes tensions sur les finances publiques, nationales comme locales, le Conseil d’Administration de la Cress exprimait fin janvier son inquiétude pour le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS). Aujourd’hui, force est de constater que, par leur refus d’explorer de nouvelles pistes de recettes, les pouvoirs publics se contraignent à devoir réaliser des coupes franches dans leurs budgets, au détriment des activités et services rendus par les structures de l’ESS. Certaines organisations de l’ESS se trouvent donc aujourd’hui confrontées à des situations budgétaires tendues, voire insurmontables.
L’équilibre financier de nombre d’entre elles est en effet directement tributaire de décisions publiques, et notamment celles agissant à destination des plus fragiles : ici ce sont des subventions qui sont coupées, là des aides publiques perçues par les bénéficiaires pour recourir au service… Des activités disparaissent, comme le centre de culture bretonne Amzer-Nevez à Ploemeur, ou d’autres à destination des personnes les plus vulnérables, comme l’association Enjeux d’enfants qui organisait des visites parents-enfants en milieu carcéral (5 licenciements)… C’est un véritable plan social à bas bruit qui s’opère.
Ces situations sont révélatrices d’une fragilisation de l’économie sociale et solidaire (ESS), après plusieurs années de baisses successives des subventions publiques, de fragilisation des trésoreries, de hausse de la demande des bénéficiaires, comme en témoigne la lettre ouverte du Mouvement Associatif de Bretagne. Cela s’ajoute aussi à des difficultés structurelles antérieures dans différents champs d’activités et sur l’ensemble du secteur de l’ESS, comme par exemple :
- pionnières dans le champ de l’économie circulaire, du réemploi et de l’insertion, le travail de plusieurs entreprises de l’ESS du secteur est aujourd’hui fragilisé par un fonctionnement par appels d’offres ou conventions pilotés par des éco-organismes privés, qui se font actuellement au détriment du réemploi solidaire. C’est ce qu’illustrent les situations d’Envie 35 (230 emplois menacés en Bretagne dont 150 en insertion) ou d’Emmaüs Action Ouest (217 emplois menacés sur l’ensemble de ses activités)
- face à l'obligation de mettre en place la prime Ségur et le manque de compensation de l'Etat, plusieurs CIDFF bretons sont d’ores et déjà été amenés à réduire leur activité et leurs effectifs (5 postes supprimés dans le Finistère, 5,7 ETP dans le Morbihan).
En bout de chaîne, ce sont bien des situations de précarités qui vont s’accroître dans les territoires : si ces services sont altérés ou disparaissent, nous pourrons mesurer à quel point ils répondaient à des besoins essentiels. En termes de services rendus pour les bénéficiaires directs bien sûr, mais également en termes de bien-vivre ensemble et de lien social sur les territoires, tant le fait associatif/mutualiste/coopératif en est l’une des composantes essentielles. Dans la période politique actuelle, il serait terrible que notre contribution à la cohésion sociale dans les territoires soit sacrifiée.
Dans ce contexte, nous devons faire entendre notre voix, nous mobiliser, nous unir pour contrer ces choix, et revendiquer l’ESS pour ce qu’elle est : une réponse pertinente pour construire une économie de long-terme au service de l’intérêt collectif, qui prend des responsabilités pour la protection du vivant et des ressources pour la planète, qui place l’humain au centre et non le profit. L’ESS est vectrice de transformation sociale, au service d’une société juste et solidaire, du développement local, de l’émancipation des personnes. Elle doit être défendue en tant que telle.
Le bureau de la Cress de Bretagne :
Michel Pier Jézéquel, Président de la Cress de Bretagne, Vice-président d’ESS France et représentant de l’URIOPSS
Marie-Martine Lips, Vice-présidente de la Cress, Présidente de Familles Rurales 35 et membre du CESER
Luc Vivier, Trésorier de la Cress, Président d’Askoria
Fabienne Colas, Secrétaire générale de la Cress, Présidente de la Mutualité Française Bretagne
Thierry Abalea, Président du Mouvement Associatif de Bretagne
Cécile Goualle, Co-Présidente de l’Adess Centre Bretagne - Pôle ESS
Éric Moreau, Directeur général de l’Udaf Finistère et représentant de l’UDES
Pascal Milleville, Directeur général d'EBS Le Relais
Pour tout savoir sur le projet et les activités de la Cress > Téléchargez la Cress en action 2025
Illustration : Ewen Prigent - La Boîte Graphique