Notre contrat social mis à mal par le Projet de Loi de Finances (PLF)
La Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Bretagne alerte sur les conséquences du budget 2025 de l’État, dont le Projet de Loi de Finances est en discussion en ce moment à l’Assemblée Nationale. En octobre dernier, le PLF prévoyait une baisse de 25% des crédits alloués à l’économie sociale et solidaire et une réduction de 5 milliards d'euros des budgets des collectivités territoriales, partenaires de l'économie des territoires et de l'ESS. La stupéfaction a fait place à la mobilisation de toute l’ESS, après que l’UDES, le syndicat employeur de l’ESS, ait évalué à 186 000 le nombre d’emplois menacés en France dans l’ESS - dont 12000 emplois bretons - si ce budget s’applique.
L'impact cumulé des coupes budgétaires pour l’ESS est estimé à 8,26 milliards d’euros, ce qui aura des répercussions directes sur l’emploi et les services de proximité. Déjà sous-financé, le secteur devra absorber de nouvelles réductions drastiques qui pourraient toucher les travailleurs du quotidien et fragiliser les structures au service des plus vulnérables - Hugues Vidor, Président de l’UDES.
La crainte s'exprime aussi du côté du financement des Cress, de l'accompagnement aux organisations de l'ESS, du soutien aux Pôles Territoriaux de Coopération économique... Sur le PLF de la Sécurité Sociale, l’absence d’un investissement conséquent alloué au grand âge est préoccupante pour les fédérations et organisations, alors que la filière rencontre des difficultés économiques sans précédent.
En Bretagne, ce sont les secteurs de l'action sociale, du médico-social, de la petite enfance, de l'éducation populaire et de la culture qui pourraient être les plus touchés.
Un effet cisaille accentué par la réduction du budget des collectivités
Avec le PLF, il est demandé un effort financier considérable aux collectivités territoriales : à titre d'exemple, la Région Bretagne devra faire plus de 55 millions d'économies en 2025. Or, le soutien à l'ESS des collectivités est un levier économique, mais aussi une reconnaissance des acteurs de l'ESS qui œuvrent au quotidien dans les territoires et remplissent des missions d'intérêt général. Lorsque le soutien institutionnel diminue, les structures de l'ESS se retrouvent fragilisées et moins en capacité de répondre aux appels à projets des collectivités par exemple.
Dans un contexte social où l'inflation et la précarité sont grandissants, les usagers - les familles et les personnes fragiles - ont atteint le maximum de leur capacité de financement des services dont ils ont besoin, tels que l'accueil petite enfance, les activités de loisirs extra-scolaires, le soutien à la parentalité, l'aide aux personnes en situation de handicap, etc. Un retrait des collectivités locales, obligées de se concentrer sur leurs compétences obligatoires, mettrait en péril le maintien des services.
Autre exemple dans la mobilité solidaire : en milieu rural, des associations mettant en place des autos-écoles solidaires ou des garages solidaires pour aider les personnes éloignées de l'emploi à accéder à des postes, pourraient se trouver dans l'obligation de diminuer, voire d'arrêter leur activité, faute de soutien. Qu'adviendra-t-il de ces services sur lesquels l'économie conventionnelle n'ira pas, les jugeant pas assez rentables ? Sans oublier les bénéficiaires, qui seront les victimes in fine de cette austérité.
Alors même que les acteurs de l'économie sociale et solidaire contribuent à maintenir le lien social, la solidarité, le pouvoir d'agir, la résilience des territoires...
12000 emplois menacés en Bretagne
Ces emplois, souvent non délocalisables, sont créateurs de lien social dans des secteurs peu représentés par les entreprises classiques, comme l'insertion par l'activité économique, l'accompagnement des personnes en situation de handicap, l'animation jeunesse, la petite enfance, la culture, l'économie circulaire ou encore les services à la personne.
Enfin, de nombreuses initiatives de l'ESS concernent des projets ayant un impact direct sur la transition énergétique. Ceux-ci pourront être ajournés, voires abandonnés, faute de moyens humains. Une réduction du soutien, surtout en période de transition, pourrait stopper cette dynamique, pourtant nécessaire pour contribuer à résorber les problèmes sociaux, environnementaux et économiques que l'on connaît.
La Cress de Bretagne reste vigilante aux étapes successives du vote de ce PLF d'ici la fin de l'année, aux côtés d'ESS France et de toutes les instances représentatives.
Le bureau de la Cress de Bretagne :
Michel Pier Jézéquel, Président de la Cress de Bretagne, Vice-président d’ESS France et représentant de l’URIOPSS
Marie-Martine Lips, Vice-présidente de la Cress, Présidente de Familles Rurales 35 et membre du CESER
Luc Vivier, Trésorier de la Cress, Président d’Askoria
Fabienne Colas, Secrétaire générale de la Cress, Présidente de la Mutualité Française Bretagne
Thierry Abalea, Président du Mouvement Associatif de Bretagne
Cécile Goualle, Co-Présidente de l’Adess Centre Bretagne - Pôle ESS
Éric Moreau, Directeur général de l’Udaf Finistère et représentant de l’UDES
Pascal Milleville, Directeur général d'EBS Le Relais
Pour tout savoir sur le projet et les activités de la Cress > Téléchargez la Cress en action 2024
Illustration : Ewen Prigent - La Boîte Graphique