Une exposition qui donne envie de réemployer ses vêtements

En moyenne, une personne achète 60 % de vêtements de plus qu’il y a 15 ans et les conserve moitié moins longtemps.

Pour fabriquer un tee-shirt, il faut l’équivalent de 70 douches. Et pour un jean, 285 ! Saviez-vous tout ça ? Si non – et même si oui d’ailleurs ! –, vous allez certainement être intéressés par l’exposition sur le réemploi textile, visible cet été au parc de loisirs La Balade du père Nicolas, à Pluméliau-Bieuzy (Morbihan). Elle a été conçue par le pôle ESS Centre-Bretagne, le lycée professionnel Louis Armand de Locminé et L’Effet papillon, tiers-lieu recyclerie de Baud. Ces quatre acteurs se sont associés il y a 2 ans pour ce projet.

L’opportunité, ce fut d’abord celle d’un lieu disponible : un dôme vide à La Balade du père Nicolas. « Je participais régulièrement à des réunions sur des thématiques autour de l’économie sociale et solidaire, donc j’ai indiqué au pôle ESS que nous pouvions réfléchir ensemble à quelque chose… », raconte Marie-Line Doré, la gérante. Ce parc de loisirs singulier met en avant la nature en proposant de nombreuses activités autour de l’environnement, une découverte des animaux de la ferme, ainsi que des attractions qui n’utilisent ni eau ni électricité (luge d’été, toboggans géants, tyrolienne, jeux en bois, véhicules à pédales…). Il travaille en partenariat avec des acteurs locaux (pour l’approvisionnement du restaurant notamment). Y installer une exposition sur le réemploi textile, nécessairement lié aux questions d’écologie et d’économie sociale et solidaire, était donc tout naturel.

 

Dégâts sociaux et environnementaux

Le pôle ESS Centre-Bretagne, dont les missions sont, entre autres, de coordonner des projets collectifs, s’est donc mis à bûcher sur le sujet du réemploi textile avec L’Effet Papillon et les élèves de la filière mode du lycée Louis Armand.

« L’objectif était de proposer une exposition avec des infos généralistes sur la thématique – expliquer ce qu’est la fast fashion, rappeler que la mode est la deuxième industrie la plus polluante après le pétrole, faire un focus sur les conditions de travail des personnes qui fabriquent nos vêtements ou encore donner des chiffres sur ce que nous consommons chaque année –, et d’autres plus pratiques sur la façon de faire autrement » - Amandine Dubois, chargée de développement ESS à l’antenne de Loudéac du pôle ESS.

L’exposition a déjà été installée au parc de loisirs l’été passé, et l’est de nouveau cette année.

 

« C’est primordial de faire comprendre à tous que l’on peut s’habiller en seconde main, estime Colette Heber, professeure de mode au lycée Louis Armand. Au quotidien, dans nos cours, nous essayons de sensibiliser les élèves à la mode jetable et aux dégâts sociaux et environnementaux que cela entraîne. Ce discours passe d’ailleurs beaucoup mieux qu’il y a encore 5 ou 6 ans. » Si bien qu’en 2020, les lycéens ont été lauréats des Trophées bretons du développement durable pour leur engagement sur la couture responsable et leurs actions autour du recyclage et de la réutilisation.

 

25 costumes pour le défilé

L’Effet papillon a quant à lui sélectionné 25 costumes – parmi les 500 pièces de sa costumerie – pour mettre en œuvre un défilé. « Uniquement des belles robes, de chouettes habits avec un cachet particulier, que l’on ne peut pas retrouver dans le neuf », indique Virgine Letort, chargée de développement à la recyclerie. Le tiers-lieu reçoit chaque semaine entre 800 kg et une tonne de vêtements. Un tiers environ sont remis en vente.

« Il est primordial de changer notre façon de se vêtir, d’informer sur l’importance de consommer d’occasion, mais tout en ne retombant pas dans l’achat compulsif, en se disant que puisque cela est bon marché et de seconde main, on peut se permettre d’acheter tout et n’importe quoi ! » - Virginie Letort, chargée de développement à la recyclerie L'Effet papillon.

L’exposition, qui se compose de trois panneaux pédagogiques, est complétée cette année, en amont du parcours, par un petit questionnaire ludique sur le sujet. « Nous l’avons aussi pensée pour qu’elle soit accessible à tous avec l’utilisation de la méthode Falc – Facile à lire et à comprendre. Les tailles et choix de polices, les aplats de couleur, la non-justification du texte ont été choisis pour qu’elle soit lisible par le plus grand nombre. Cela nous paraissait essentiel », conclut Amandine Dubois, du pôle ESS. L’ambition étant de la faire vivre toute l’année, elle devrait se balader après l’été dans des festivals ou événements.

 

Exposition visible à la Balade du père Nicolas du 7 juillet à début septembre 2022. Plus d’informations ici.

 

Propos recueillis par Claire Baudiffier.

 

Une fois par trimestre, découvrez un reportage, une interview et les dernières actualités de ceux qui font rimer circulaire et solidaire !

> Abonnez-vous à la newsletter Circul'lettre